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Ca commence d’emblée par un morceau de près de quatorze minutes et pour qui aurait la curiosité de loucher sur la durée des pistes, cela se reproduira à trois reprises (le summum étant vingt minutes pour ‘The Streams of summer’). Le ton est donné, Sweet William ne sont pas des rigolos. Oui, ils jouent du gothic rock mais ils n’ont pas oublié les leçons du rock psychédélique en matière d’ambiance et ils ont bien l’intention d’y besogner, ce qui leur a permis de travailler une patte personnelle les catégorisant aussitôt dans la section des formations cultes et discrètes. Longueur ne signifie pas pour autant tentation progressives (encore que.…) Certes, nos Allemands ne dédaignent pas le plaisir d’une bonne petite intro en basses (‘Behind the scenes’) ou quelques accords tristounets pincés en guise d’ouverture (‘Streams of summer’) mais inutile d’allonger gratuitement, ils préfèrent entrer assez vite dans le vif du sujet. Le secret de Sweet William repose sur trois éléments: le chant grave et profond, la rythmique impeccable, souvent axée frappe directe en ce qui concerne la batterie (avec bien sûr quelques notables exceptions) et la guitare dont on ne sait jamais trop vers quels délires elle nous emmènera. En effet, si l’on reconnaît volontiers des schémas gothic rock exigeants, tant sur les compositions courtes (l’excellent ‘In fear of a swirl’, l’un des hits du combo) que sur des passages des morceaux longs, le guitariste se laisse volontiers aller sur certains passages laissant son instrument surfer sur la ligne tenue entre gothique psychédélique et psychédélisme gothique. Une pièce telle que ‘Streams of summer’ qui propose en son milieu plus de six minutes d’exercice de batterie laisse à penser que les mecs sont fans de Led Zeppelin, probablement des Doors aussi (ça, c’est ‘At the end of the night’ qui le suggère). Ce goût d’expérimenter, cette propension aux structures volontiers complexes, sont trompeurs car en réalité, le talent de ces musiciens est tel qu’on se laisse aisément happer dans leurs étranges vortex; le temps en devient une donnée quasi négligeable tant la musique s’écoule de manière fluide. Voilà qui n’empêche pas Sweet William de savoir tisser de belles mélodies efficaces et séduisantes volontiers empreintes d’une lointaine et indéfinissable tristesse. Ce n’est un secret pour personne que Led Zeppelin, Pink Floyd, Black Sabbath ou les Stooges sont des influences importantes pour beaucoup de musiciens goths mais rarement, à ma connaissance, une formation purement gothic rock est parvenue à les intégrer aussi profondément dans sa musique…L’air de rien, en plus ! 4,5/6
Publiée le vendredi 27 octobre 2017